A l'Assemblée nationale, le ton des échanges entre les Marcheurs et le MoDem suit la courbe du thermomètre. Ce n'est rien de dire que les esprits se sont échauffés, côté LREM, après la parution de l'interview de Patrick Mignola au Figaro. Où le patron des députés MoDem estime que son groupe « a vocation à s'élargir à l'Assemblée », tout en poussant ses options programmatiques. Et en relevant que s'« il y a de vrais talents dans ce groupe LREM », celui-ci « doit mieux s'organiser pour les faire émerger ».
Sur Twitter, les répliques de Christophe Castaner, puis de François de Rugy, tous deux candidats à la présidence du groupe LREM, se font cinglantes. Car en coulisses ou sur les boucles Telegram, des Marcheurs pestent, y voyant « une agression », teintée « de condescendance », « une mauvaise manière ». En face, les centristes du MoDem ne goûtent guère de se voir dépeints « en concurrents plutôt qu'en alliés »… Il reste que plusieurs Marcheurs en sont convaincus, « ils cherchent à récupérer des députés LREM ».
« Que l'on soit dix de plus ne changerait rien »
Patrick Mignola, lui, se défend, de tout débauchage, certifiant n'avoir qu'une idée en tête : « Faire grandir la majorité. » « Je tends la main aux autres députés centristes pour élargir la majorité. Cinq à dix d'entre eux pourraient nous rejoindre. Mais par définition, les Marcheurs ne sont pas concernés puisqu'ils sont déjà dans la majorité. Il vaut mieux que l'on se retrouve demain dans un intergroupe », nous assure le président du groupe MoDem, qui ajoute : « Aujourd'hui, on est déjà le groupe qui garantit la majorité absolue. Que l'on soit dix de plus ne changerait rien. »
Sauf que, selon un influent député MoDem, il était bien question qu'une vingtaine d'élus rejoignent le groupe centriste, et ce, en deux temps : neuf macronistes d'ici à la rentrée de septembre, et une dizaine un peu plus tard, provenant de LREM et d'autres groupes comme Agir Ensemble ou Ecologie démocratie solidarité. La liste aurait même dû, selon cet élu, être dévoilée dès juillet si la nomination des secrétaires d'Etat n'avait pas pris de retard. « Notre objectif désormais, ce n'est pas de faire tanguer la majorité dans son ensemble mais de la rééquilibrer afin que les Marcheurs déçus n'aillent pas dans l'opposition », justifie le même. Ce qui explique que certains Macronistes aient été si prompts à sortir les herses? Comme « un rappel à l'ordre » dit un député.
De nouveaux Marcheurs sur le départ ?
« Certains s'interrogent depuis longtemps, comme au moment de la création du 9e et du 10e groupe. Il ne faut pas oublier qu'une vingtaine de députés LREM avaient été élus sur des circonscriptions MoDem, mais avaient choisi le groupe LREM en juin 2017. Donc il n'y a pas de grande nouvelle à ce qu'ils nous soient proches. Mais la priorité est l'élargissement de la majorité en attendant sa réorganisation », fait valoir Mignola.
Le sujet est, quoi qu'il en soit, ô combien sensible, depuis que le groupe LREM a perdu la majorité absolue suite à la création de deux groupes dissidents. « Le débauchage entre groupes de la majorité est une ligne rouge. Mais ces départs doivent clairement nous inviter à revoir nos méthodes internes pour que chacun se sente à sa place et fier d'appartenir au groupe LREM », estime Aurore Bergé, candidate à la présidence du groupe.
Aujourd'hui encore, il se murmure que de nouveaux Marcheurs – certains parlent d'une quinzaine – sont tentés de larguer les amarres. Pas plus tard que mercredi, le corrézien Christophe Jerretie a d'ailleurs annoncé qu'il quittait officiellement le groupe LREM pour celui du MoDem. Ajoutez à cela les débats liés à la campagne interne visant à élire le chef de file des Marcheurs à la suite du départ annoncé de Gilles Le Gendre … Soupire d'un député macroniste : « Voilà ce qui se passe quand il y a un moment de flottement… »
August 07, 2020 at 02:29AM
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Assemblée nationale : coup de chaud entre LREM et le MoDem - Le Parisien
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chaud
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