Y a-t-il encore un pilote dans l’avion ? C’est ce que compte démontrer Emmanuel Macron, ce mercredi soir, après sa gestion chaotique de la reprise épidémique. Fiasco de l’application StopCovid, refus de la gratuité des masques alors que toutes les études attestent que les personnes les plus vulnérables socialement sont les plus touchées par le virus, manque de lits et de personnels dans les hôpitaux, politique de dépistage déficiente… Depuis l’été, l’exécutif navigue à – courte – vue, bricolant au jour le jour, un œil rivé sur les chiffres épidémiologiques, l’autre sur ceux de la croissance. « Pas de reconfinement », ou peut-être « localement », « plus de paralysie de l’économie » mais des fermetures de commerces… L’exécutif ne cesse de souffler le chaud et le froid depuis l’été, au point de rendre complètement illisible sa stratégie face à la 2e vague. Nul ne niera que le défi est de taille : protéger la population sans compromettre la reprise de l’activité au risque d’empirer la catastrophe sociale qui est déjà là ; un million de personnes ont basculé dans la pauvreté depuis le début de la pandémie. Si cette 2e vague laisse un goût si amer, c’est que les leçons n’ont pas été tirées. En dépit des alertes des professionnels de santé, les lits et le personnel manquent toujours à l’appel.
Ceux que la France entière a applaudis pendant trois mois sur les balcons, épuisés et sous-payés, sont donc rappelés au front plus désarmés encore. Nulle impréparation ici, mais bien un choix politique délibéré de remplir les poches des milliardaires au détriment des services publics et de l’intérêt général. L’exécutif s’inquiète, susurre-t-on dans les couloirs du pouvoir, de la réaction des Français aux nouvelles restrictions que pourrait annoncer Emmanuel Macron. C’est pourtant à une tout autre colère que le président devrait apporter des réponses : celle engendrée par le fossé béant qui ne cesse de se creuser entre l’immense majorité des Français et une minorité de privilégiés. L’oublier pourrait conduire à des réveils difficiles.
October 14, 2020 at 01:54AM
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Éditorial. Le chaud et le froid - L'Humanité
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